Le premier plastique inventé, il y a 3 siècles, a été une réelle innovation. Ce matériau permettait de rendre des produits du quotidien moins chers à fabriquer et donc moins coûteux pour le consommateur. Une aubaine pour tous les secteurs de production. On a depuis compris l’impact néfaste sur l’environnement du plastique et de son utilisation ; on le retrouve dans la nature, son incinération rejette des fumées toxiques….
Nous allons voir à travers cet article en quoi le plastique, même recyclé, ce n’est pas si fantastique.
Du pétrole … au plastique
Le mot « plastique » est un terme général qui regroupe les différents polymères. Il est majoritairement dérivé du pétrole et de gaz naturels. Deux matières fossiles surexploitées depuis des dizaines d’années, qui se raréfient et libèrent des gaz à effet de serre lors de leur extraction.
À savoir : 1,9 kg de pétrole brut est nécessaire pour produire 1 kg de bouteilles en plastique.
Les structures en longues chaînes de ces polymères leur donnent diverses propriétés telles que la résistance ou la dureté, qui font du plastique un matériau omniprésent.
Le plastique est apparu à travers les différentes crises économiques et guerres, lorsque les matériaux utilisés à l’époque devenaient trop coûteux et rares. Ce matériau, très léger, permet également de réduire le poids des produits. C’est donc un ensemble de besoins et de progrès technologiques et scientifiques qui ont permis le développement du plastique.
Dans le monde, ce sont près de 360 millions de tonnes de déchets plastiques générés chaque année. La France est d’ailleurs un grand consommateur de plastique avec 4,8 millions de tonnes utilisées par an, soit 70 kg par habitant.
Aujourd’hui, plus d’un tiers du plastique est utilisé pour les emballages, qu’ils soient alimentaires ou non. On le retrouve également en quantité importante dans le secteur de la construction, les textiles et des produits du quotidien.
Selon l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE), nous utiliserons 3 fois plus de plastique en 2060 qu’en 2019, soit plus de 1 200 millions de tonnes de plastique chaque année.
Nager en eaux troubles
Cependant, le plastique présente d’importants inconvénients.
Premièrement, il se dégrade très lentement et reste dans l'environnement pendant des décennies voire des siècles. Nous utilisons et jetons l'équivalent de notre poids de plastique chaque année, mais 90 % de ces déchets nous survivront. 20 à 40 % des déchets plastiques sont d’ailleurs collectés dans des décharges, où ils sont mélangés à d'autres déchets et contenus temporairement dans des géotextiles (eux-mêmes en plastique). Lorsque ceux-ci se décomposent, le plastique enfoui est libéré. En globalité, plus des trois quarts du plastique usagé finissent dans la nature, les eaux douces et les océans, soit environ 10 millions de tonnes.
La quantité de plastique dans l’océan a été multipliée par trois depuis les années 60. Il existe 5 zones d’accumulation de déchets dans l’océan, la plus grande équivaut à 6 fois la France.
On imagine souvent les déchets plastiques sous forme de sachets ou bouteilles dans l’océan mais il ne faut pas négliger la part importante des plastiques invisibles : les microplastiques. Ils sont liés à la fabrication, à l’usure ou à la dégradation des plastiques dans la nature et sont présents partout dans notre environnement.
Lors de leur dernier décompte l'année dernière, des scientifiques japonais de l'Université de Kyushu ont estimé le nombre de microplastiques dans les couches supérieures des océans du monde à 24,4 milliards.
Au menu ? Du plastique !
Les microplastiques sont facilement ingérés par les poissons et autres animaux, ce qui affecte toute la chaîne alimentaire, dont nos assiettes. Ainsi, les déchets plastiques présent au fond de l'eau finissent dans nos assiettes... sans qu'on l'on s'en aperçoive. En consommant du poisson et des fruits de mer, nous avalons en moyenne environ 11 000 microparticules de plastique par an selon une étude réalisée à l’université de Ghent en Belgique.
On sait désormais que des déchets plastiques entrent dans notre corps, mais nous ne connaissons toujours pas la façon dont ils y évoluent. Des scientifiques des Pays-Bas et du Royaume-Uni ont révélé avoir découvert des microparticules de plastique chez des humains vivants, dans des parties du corps où ils n’avaient jamais été trouvés auparavant : dans des poumons et dans le sang.
Est-ce que notre organisme peut les absorber, ou provoquent-ils des inflammations ou des réactions tissulaires ? Et dans quelle mesure peuvent-ils devenir toxiques pour notre santé par la suite ?
Concernant l’impact de la pollution plastique sur la faune, des résultats mettent en évidence des perturbations de croissance et de reproduction des poissons lors d’une exposition à long terme aux microparticules plastiques, qui peuvent conduire, à terme, à de graves problèmes écologiques. Plus d’1,4 million d’oiseaux et environ 14 000 mammifères marins sont retrouvés morts chaque année, en raison de l’ingestion de plastique.
Une question se pose dans un tel contexte : le recyclage de ce matériau constitue-t-il une véritable solution ?
Le plastique : un déchet inévitable
On estime qu’environ 9 milliards de tonnes de plastiques ont été produites depuis les premières usines à polyester dans les années 50. Actuellement, dans le monde 79% des déchets plastiques générés chaque année sont enfuis, incinérés ou finissent dans la nature et moins de 10% sont recyclés. En France, on a recyclé seulement 29% des emballages plastiques en 2019. La grande partie de ces déchets dans la nature ne se décomposera jamais (on en a retrouvé jusqu’au sommet du mont Everest !).
Le recyclage du plastique comporte 4 étapes distinctes :
1. Le tri des emballages plastiques
Nous sommes tous acteurs du recyclage, ainsi il en va de notre responsabilité de limiter les déchets plastique et faire le tri.
2. Le centre de tri
Les déchets sont collectés puis acheminés au centre de tri pour être regroupés par catégories de matières (PET, PE, PS, etc). Les déchets sont ensuite aplatis et transformés en d’énormes cubes de matières appelés balles de plastique.
Le saviez-vous ? : En France, seulement 60% des bouteilles en plastique PET arrivent jusqu’au centre de tri.
3. La régénération du plastique
Les balles de plastique sont amenées dans des usines de régénération. Elles y sont d’abord nettoyées, broyées et ramollies. Les emballages deviennent ainsi des paillettes colorées puis des granulés après lavage et chauffage.
4. L’usine de recyclage
À la fin du recyclage, ces granulés sont enfin utilisés pour fabriquer de nouveaux produits en plastique : de nouvelles bouteilles, des fibres polyester (tissus, moquettes, polaires) ou encore de la ouate pour rembourrer les couettes et oreillers par exemple.
Mais même le plastique recyclé n’est pas éternel, il est voué à terminer à la décharge. Le recyclage conventionnel génère un matériau plus friable et moins durable que le plastique original. Il est souvent difficile de le recycler plus de 3 fois. De plus, il existe des milliers de sortes de plastiques, avec des compositions, caractéristiques, additifs chimiques et colorants différents, ce qui rend ce matériau encore plus complexe à recycler.
Au vu du nombre d’étapes et de ressources nécessaires pour le recyclage du plastique, cette mesure n’est pas suffisante. D’un côté, il permet de donner une seconde vie aux millions de tonnes de déchets produits chaque année, d’un autre, nous ne pouvons le considérer comme une solution durable. Cette opération est très consommatrice en eau et énergie ; des ressources rares.
Une autre solution qui apparaît est l’essor des plastiques biosourcés depuis les années 2000. Ces nouveaux matériaux, issus de sources végétales ou animales, sont constitués de polymères d’origine totalement ou partiellement renouvelable. Cependant, un plastique biosourcé ne sera pas pour autant totalement biodégradable. Cette autre mesure n’est donc pas non plus fiable sur le long terme.
Notre position chez Möbius Bike
Chez Möbius, nous nous concentrons sur l’éco-conception de nos produits, leur longévité et leur impact sur l’environnement. Nous avons sélectionné des matériaux biosourcés et recyclés pour nos deux premiers vélos : pour le cadre, le bambou a rapidement été une évidence car ce matériau possède de nombreux avantages écologiques et est très résistant, il est associé à de l’aluminium recyclé et à de la fibre de carbone pour assurer au vélo une durabilité optimale. Nous avons fait le choix de réduire au possible la présence de plastique sur nos vélos.
Selon nous, toute nouvelle application de plastique, même réutilisable, devrait être interdite car cela finira un jour ou l'autre dans les océans ou bien incinérés puis dans l'air et le sol). L'association plastique et éco-responsabilité n’est rien d’autre que du greenwashing pur et dur. Nous suivons de près les recherches faites dans le domaine, mais nous ne nous concentrons pas sur ce matériau pour le moment dont la production, l’usage et le recyclage présente de nombreuses limites.
Tout comme le collectif de chercheurs de OCDE, nous pensons que les solutions présentées actuellement pour limiter l’impact négatif du plastique, telles que le recyclage ou les bioplastiques, sont insuffisantes. Il est primordial de réorienter nos efforts financiers, technologiques et scientifiques pour imaginer un monde sans.
Moins il y aura de plastique sur la terre et mieux nous nous porterons !
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